En raison d'insuffisances et d'agissements criminels, le gouvernement supprima les comptoirs de tutelle et créa le 22 mars 1818 une nouvelle autorité administrative, le “Comité d'assistance aux colons étrangers dans la Russie méridionale”, qui, doté de larges pouvoirs, fut l'autorité administrative suprême pour les colonies de la mer Noire jusqu'à sa dissolution en 1871. Il était également compétent pour les colons de Bessarabie, conformément à l'ukase du 29 décembre 1819.
Le comité d'assistance était composé d'un président, également appelé l'assistant principal, de deux membres, et d'une petite équipe de collaborateurs.
⇒ s. ch. 7.8 Fonctionnaires dans l'administration au niveau de l'Etat et de la commune

De 1818 à 1819, le comité avait son siège à Kherson, de 1819 à 1822 à Ekaterinoslav, de 1822 à 1833 à Kichinev et de 1833 à sa dissolution en 1871 à Odessa.
Le comité d'assistance était directement rattaché au ministre de l'Intérieur (à partir de 1837, au ministère des Domaines impériaux). Il était l'autorité administrative et judiciaire suprême pour tous les anciens et futurs colons étrangers (agriculteurs et artisans villageois) qui s'installaient sur les terres de l'Etat dans les gouvernorats de Kherson, Ekaterinoslav, Tauria et dans la région de Bessarabie, indépendamment de leur appartenance ethnique. Seule la justice criminelle ne relevait pas de sa compétence ; elle était du ressort des tribunaux ordinaires (voir ch. 4.9 Juridiction, ordre public et sécurité). En principe, le comité était placé sur un pied d'égalité avec les gouverneurs et autres hautes instances administratives, les autorités qui leur étaient subordonnées devant lui fournir une assistance administrative.

Le comité d'assistance dirigeait l'installation des immigrants, défendait les intérêts et les droits des colons, veillait à ce que les privilèges accordés par le gouvernement soient appliqués, mais aussi à ce que les obligations des colons envers l'État soient remplies. Les colons allemands pouvaient communiquer avec l'administration en allemand, aussi bien par écrit que par oral.

Ce fut une grande bénédiction pour les colonies d'être soumises au comité d'assistance pendant plus d'un demi-siècle. L'action positive de l'autorité était en grande partie due aux présidents efficaces et engagés. Sous leur direction attentionnée, les colonies allemandes ont pu se développer librement et cultiver leur culture nationale en grande partie sans entraves. Mais il faut aussi dire que l'Autorité était d'une grande sévérité. En cas de non-respect de ses ordres et de ses prescriptions, les colons étaient menacés de sanctions sévères.

Pour la Bessarabie, il s'agissait du Bureau de Bessarabie pour les colons étrangers, dont le siège se trouvait à Kauschani (ce bureau existait déjà avant la création du Comité d'assistance).
En 1833, les comptoirs ont été supprimés. Leurs tâches furent transférées en partie au Comité d'assistance lui-même, en partie à des inspecteurs coloniaux (voir ci-dessous “Contrôle des colonies sur place”). D'une part, cette réorganisation a permis de réduire les coûts, mais d'autre part, les frais administratifs ont en même temps été mis à la charge des colons. L'entretien du comité s'élevait à cette époque à 4857 roubles en argent, dont 104 roubles pour Tarutino¹⁾. On peut supposer que Krasna a dû passer à la caisse dans une mesure à peu près équivalente.

Pour le contrôle des colonies sur place, les comptoirs faisaient appel à des surveillants spéciaux qui contrôlaient l'activité des administrations locales allemandes. Le surveillant pour la Bessarabie était basé à Tarutino. Après la dissolution des comptoirs en 1833, des inspecteurs ont été nommés à la place des anciens surveillants. Ils étaient en quelque sorte le lien entre le siège et les colonies. L'inspecteur bessarabien était basé à Tarutino et son service s'appelait l'inspectorat ou le bureau de district. Certains de ces superviseurs/inspecteurs devaient avoir un régime sévère. On peut lire cela en détail dans Wilhelm Mutschall, Geschichte der Gemeinde Tarutino von 1814 bis 1934, p. 20, 46-47.

Les colonies bessarabes étaient regroupées en deux districts (Okrugi)²⁾ avec chacun un bureau de district. Le premier district avait son siège à Wittenberg (Malojaroslawetz I) avec les colonies suivantes : Wittenberg (Malojaroslawetz I), Alt-Posttal, Kulm, Tarutino, Krasna, Katzbach, Alt-Elft, Neu-Elft, Teplitz. Le deuxième district comprenait Klöstitz et les autres colonies existantes à l'époque. Ces districts constituaient également le niveau supérieur de l'autonomie communale.